On les coiffe.

On les traque.

On les colore.

On les rase.

On les épile.

Les poils sont partout, c’est un fait.

Pourtant, étrangement, lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur ceux des animaux et sur leur port récurrent dans le monde de la mode, personne n’ose s’exprimer.

Notez, qu’il faut dire aussi que sitôt que vous ne préféreriez pas être à poil(s) plutôt qu’en fourrure et que vous oseriez revendiquer préférer porter le Père Castor en moufles qu’écouter les histoires que ce vieux sénile a à nous racontermais siiiiii, souvenez-vous de ces récits qui vous ont fait croire, durant vos années de candeur enfantine, que l’Amour Éternel existe, que les gens sont bons, que les Bisounours vont repeupler le monde et que les farfadets et les lutins copinent avec les fées, elles-mêmes virevoltant sur les arcs-en-ciel! -, l’escadron des militants enragés s’abattrait sur vous en moins de temps qu’il n’en faut à Tavi pour enchaîner les tenues idiotes, tel un vautour sur une carcasse sanguinolente, avec une fougue hystérico-justicière à faire pâlir Zorro*, un renard manifestement imberbe.

Non, dire qu’on aime la fourrure, ce n’est pas politiquement correct.

C’est mal.

TRÈS mal!

Vous pouvez très bien tenir des propos incitant cordialement à la haine, battre votre femme et/ou vos enfants, négliger l’éducation de ces derniers, mais oser affirmer que vous vendriez votre âme pour cet amas touffu de carcasses hors-de-prix de chez Oscar de la Renta, c’est juste inadmissible! D’ailleurs, c’est bien simple, dites-le et vous verrez probablement débarquer Brigitte dans votre logis, flanquée d’une horde de vaillants disciples armés de peinture rouge, de farine et/ouôh, horreur/malheur!de tartes de tofu (vous n’avez qu’à demander à Anna les ravages irréversibles qu’a causé cette arme destructrice sur son maquillage et sa célébrissime coiffure-couronne!), prêts, entre deux cris et deux « Meurtrière« , à vous immoler, vous et vos bestioles, sur la place publique, au nom du Dieu Peta.

Honte à vous!

Tenez, vous-même et votre fourrure Fendi brûlerez dans les flammes sataniques de l’Enfer!

Sauf que voilà, dans l’optique du « Je dis ce que je pense et l’assume très bien« , Monsieur de Vos, végétarien aguerri et ami des animaux probablement plus que des humains (dont l’immense complexité des rapports m’étonnera toujours!) -, vous informe qu’il vient tout récemment de basculer du côté velu de la force et qu’il préférerait voir plus de gens en fourrure et moins de monde en Crocs, joggings, sacs bananes, casquettes avec ventilateur intégré ou autres abominations visuellesune véritable torture psychologique dont on ne sait pas si on doit rire, hurler ou pleurer!du même calibre que celui auquel il a déjà eu droit ici et là!

Que celui qui n’a jamais été en contradiction avec ses convictions me jette la première loutre, le premier vison ou le premier chinchilla!

Je nuancerais cependant mon changement de prise de position en évoquant 5 points qu’il me semble intéressant de mentionner avant que vous ne vous mettiez en quête de peinture rouge pour redécorer la porte de ma maison en braillant des cantiques, crucifix au cou, gousse d’ail dans une main et pinceau en poils SYNTHÉTIQUES dans l’autre

1) La fourrure, c’est beau: Ne nous mentons pas, tant qu’ils n’ornent pas le dos de votre mari, les poils sur les animaux, c’est tellement beau. C’est vrai quoi, on n’entendra jamais quelqu’un dire d’un renard qu’il a mauvaise fourrure ce matin, alors que ce fifrelin a certainement passé une nuit blanche à laper des litres d’eau de la rivière pour finir la soirée en grand débauché dans les pattes griffées de Renarde/Renardo. Du coup, je ne vois pas en quoi ce qui est beau sur lui ne le serait pas sur vous, SURTOUT si vous lui faites honneur en l’assortissant à vos nouvelles Louboutin en python à  talons XXL et à votre pochette en croco de chez Nancy Gonzaleztant qu’à sombrer, autant y aller à fond, non?

2) La fourrure, c’est une valeur intemporelle: L’homme de Neandertal en portait, Marlène Dietrich aussi et il se murmure même que Pocahontas a recyclé Meiko en toque, une fois que John Smith l’a plantée là, à parler à un arbre, entourée d’une bande d’ignares qui ne savaient probablement pas qui était Grand Karl le Blanc, un « Couturier de l’âge de pierre »pour reprendre les termes d’une pancarte militante -, lorsqu’il a mis les voiles pour rentrer au bercail. Suivant cette idée, il y a fort à parier que ce qui existe depuis la nuit des temps ne s’arrêtera pas parce qu’une bande de fanatiques s’amusent à injurier les gens, à les entarter et à balancer de la peinture sur des manteaux, à la sortie des défilés.

3) La fourrure, ça tient chaud: Autant l’aspect esthétique peut être discutablebien que la rédaction pense qu’il n’y a pas beaucoup de fausses fourrures crédibles -, autant l’aspect thermique ne l’est absolument pas! C’est vrai quoi, on a beau parler de réchauffement climatique, il n’a jamais fait aussi froid que ces derniers jours; du coup, entre avoir la dégaine d’un bonhomme Michelin avec sa doudoune Moncler et ses Moon Boots ou arborer l’allure d’une milliardaire russe en Valentino plantant nonchalamment et avec assurance ses talons de 12 dans la glace, le choix est vite fait!

4) La fourrure, ça fait vivre l’économie: Renoncer au port de ces toisons animalières, c’est plonger certains pays dans un gouffre financier que vous finirez toujours par payer d’une manière ou d’une autre. Oui, parce que si les conditions d’abattage restent un point litigieux qui devrait faire l’objet d’une réglementation stricteun peu comme pour la consommation de la viande! -, n’allez pas croire que c’est partout comme dans la vidéo présentée par les militants activistes, certaines personnes compétentes font davantage que fracturer la tête d’un animal contre le sol! Puis, entre nous, vous portez certainement du cuirque celui qui n’en porte pas me lance la première hermine!alors que ce dernier n’est qu’une fourrure épilée quand on y regarde bien

5) La fourrure, c’est un investissement à long terme: Là où vous vous lasserez rapidement de ce manteau en fausse fourrure, à  la qualité douteuse, acheté pour pas grand chose dans l’une des grandes enseignes espagnoles ou suédoises qui fleurissent un peu partout sur le globe, à la manière de – nombreux – bourgeons au printemps, vous serez ravie, dans 35 ans, de pouvoir transmettre votre manteau, en héritage familial, à votre descendance qui, vous en êtes certaineaprès avoir fait son éducation stylistique -, en fera bon usage et le portera comme vous le lui avez appris: avec classe et dignité! Faudrait quand même pas que cette gourgandine ressemble à un rappeur U.S. à la Fifty Centimes, faut pas déconner non plus!

Pour toutes ces raisons et parce que j’estime que chacun est libre d’exprimer ses opinions, je souhaiterais que les actions des détracteurs de la fourrure se concentrent davantage sur les conditions d’élevage et d’abattage des animaux plutôt que de se focaliser sur les choix de vie des gens qui revendiquent aimer les bêtes ET les porter…

C’était mon premier coup de gueule – poilant (?) – de cette fin d’année 2010

Très cordialement,

Monsieur de Vos (qui, s’il se fait – tristement? – rare ici, ne l’est jamais sur FACEBOOK et/ou TWITTER)

*Zorro = renard en espagnol

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Légende: Masque, manteau en chèvre et renard gris, corset métallique: GRÉGORY DE VOS/Collants imprimé léopard: WOLFORD (39 €)/Escarpins Daffodile en python 14 cm (ou 16, je mène l’enquête!): CHRISTIAN LOUBOUTIN